Alain Crocq

 

« Exodus »



Alain Crocq

« Exodus »

Technique mixte sur papier marouflé sur toile – 2006 – 146 x 114 cm

Signature en haut à gauche – Titre et signature au dos

Provenance : atelier de l'artiste – collection privée – Galerie Anna-Tschopp

Mixed media on papier glued on canvas – 2006– 146 x 114 cm

Signature top left – Title and signature on the reverse

Origin : artist's studio – Private collector – Galerie Anna-Tschopp


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Le mot du marchand

à propos de l'oeuvre : 11 juillet 1947 le « Président Warfield » quitte le port de Sète avec 4500 réfugiés juifs à son bord, pour la plupart rescapés de la Shoah. Il se dirige vers la Palestine alors sous mandat britannique. Le 17 juillet il prend le nom d’« Exodus 1947 » et le 18 il est arraisonné par la marine anglaise et conduit à Haïfa ; ses passagers sont arrêtés et transférés sur 3 navires prisons. Les autorités décident de ne pas les incarcérer à Chypre comme elles le font habituellement pour les « clandestins » mais de les renvoyer dans leur pays d’origine lequel sera considéré être celui où ils ont embarqué, c’est à dire la France. Le 29 juillet les bateaux stoppent devant Port-de-Bouc, commune proche de Marseille, mais les passagers/prisonniers refusent de débarquer. Les autorités françaises donnent asile à ceux qui le souhaitent mais excluent de recourir à la force pour les autres et interdisent une intervention anglaise. Les pourparlers s’éternisent et finalement le 23 août les anglais donnent ordre aux navires de faire route vers Hambourg en Allemagne qui est dans leur zone d’occupation.

Alain Crocq n’est pas juif mais est originaire de Port de Bouc et c’est à ce mois passé sur des bateaux surchargés, abandonnés en plein soleil d’été à quelques encablures de la côte qu’il a souhaité s’attacher. A ces quelques très longs jours pendant lesquels le Monde négociait le sort de passagers bien encombrants que les habitants de Port de Bouc ont aidé à survivre en leur apportant quotidiennement vivres et médicaments. Il a magistralement su capter la détresse et l’épuisement de rescapés, d’apatrides, qui après avoir subis l’horreur nazie, après qu’on leur ait nié l’espoir de recommencer une vie nouvelle ailleurs, se retrouvaient parias parqués au milieu de l’eau.

Le tableau quand il nous fut soumis dans la perspective d’une exposition personnelle en 2007 n’avait pas tout à fait cette forme. Très proche de la version actuelle il lui manquait cependant un élément narratif qui puisse replacer l’histoire sans nécessiter d’explications parallèles. Quelques jours plus tard l’artiste nous le représenta enrichi d’une étoile de David tracée comme à la craie blanche. Cette fois tout était dit : le navire dans la brume, les personnages faméliques et effarés, la couleur du drapeau sioniste, les uns et les autres perdus dans l’univers rouille/orangé du tableau ; avec pour élément fédérateur du tout une étoile de David. La charge émotionnelle de cette oeuvre est évidente. Nous en voulons pour preuve qu’elle a été achetée dès le soir du vernissage mais que par la suite son propriétaire nous demanda de la reprendre car la tension convoquée lui devenait difficilement soutenable. Elle est depuis propriété de la galerie Anna-Tschopp qui la présente de temps à autre et où elle produit toujours le même engouement mêlé d’appréhension.

Cette toile est aussi un élément charnière dans l’oeuvre de l’artiste qui à partir de ce moment va s’intéresser de plus en plus aux visages et à ce qu’ils peuvent traduire de désarroi ou de blessures intérieures. En fait dans l’oeuvre d’Alain Crocq il y a avant et après «Exodus».

Word from the merchant

related to the work : on July 11, 1947 "President Warfield" leaves the Sète harbour with 4500 Jewish refugees on board, mostly survivors of the Holocaust. He goes to Palestine then under British mandate. On July 17 he took the name of "Exodus 1947" and on the 18th he was boarded by the British navy and driven to Haifa; his passengers are arrested and transferred to 3 prison ships. The authorities decide not to detain them in Cyprus as they usually do for "illegals" but to send them back to their country of origin, which will be considered to be the one they embarked on, ie France. On July 29, the boats stopped in front of Port-de-Bouc, a town close to Marseille, but the passengers / prisoners refuse to disembark. The French authorities give asylum to those who wish but exclude the use of force for others and prohibit an English intervention. The talks drag on and finally on August 23, the English order the ships to go to Hamburg in Germany which is in their zone of occupation.

Alain Crocq is not Jewish but is related to Port de Bouc and it is to this month spent on overcrowded boats, abandoned in the summer sun not far from the coast that he wishe to attach himself. To these very long days during which the World negotiated the fate of very cumbersome passengers that the inhabitants of Port of Bourc helped to survive by bringing them daily food and medicines. He masterfully managed to capture the distress and exhaustion of survivors, stateless people, who after suffering the Nazi horror, after being denied the hope of starting a new life elsewhere, found themselves pariahs parked in the middle of the water.

This painting when it was submitted to us for the purpose of a solo show in 2007 was not quite that way. Very close to the current version, however, it lacked a narrative element to put the story in place without requiring any parallel explanations. A few days later the artist presents it again to us enriched by a star of David traced as by means of a white chalk. This time all was said : the ship in the mist, the starving and frightened characters, the color of the Zionist flag, both lost in the orange rusty universe of the painting; with as unifying element of the whole a star of David. The emotional charge of this artwork is obvious. We take as proof of it that the painting was bought on the preview evening but that later its owner asked us to take it back because the summoned in it tension was hardly bearable for him. It has since been owned by the Anna-Tschopp Gallery, which presents it from time to time and where it always produces the same craze and apprehension.

This painting is also a pivotal element in the work of the artist who from that moment will be more and more interested in the faces and in what they can show of disarray or inner wounds. In fact in Alain Crocq's work there is a before and an after "Exodus".


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