Né le 17 février 1987 à Anger, Nicolas Cluzel fait montre à 30 ans d’une maîtrise et d’une autorité que beaucoup de ses aînés pourraient lui envier. Il ose des
conflits de teintes étonnantes. Il dissocie le trait et la couleur. Il casse les formes. Ses personnages et leurs aventures sortent tout droit de la bande dessinée des années 70 mais évoluent
dans un univers affirmé de peinture. Il doit autant à Reiser qu’à Rebeyrolle. D’un inextricable fouillis initial se dégagent progressivement des formes, des détails, des anecdotes qui animent le
récit, le prennent à contre-pied, le font rebondir. Nicolas Cluzel est un peintre de l’improbable. L’improbable des circonstances, l’improbable des rencontres, l’improbable des confrontations de
techniques utilisées. Avec pour le regardeur la sensation étrange que ces improbables finissent par ressembler de fort près à la réalité que lui procurent quotidiennement les images de
l’actualité.
Nicolas Cluzel sait aussi que les sujets en peinture sont limités et que l’objet de cette dernière est de s’inscrire dans son temps au moyen de ces sujets. Le renouvellement de sens qu’il propose
dans ses œuvres l’emporte alors largement sur ce qui pourrait être sommairement perçu comme un art de citations. Dans le cadre très formaté d’une duplication il fait se côtoyer les corps et
objets d’origine avec d’autres beaucoup plus contemporains ou inattendus. Le monde de la surconsommation s’interpénètre de celui de la surproduction de déchets. Culture et conscience morale se
heurtent au narcissisme digitalisé de spectateurs/acteurs totalement indifférents. De fait Nicolas Cluzel nous parle de la mort par suicide consumériste d’un type de société.
Il est également un peintre et non un simple imagier. Sa peinture est l’interprétation d’une réalité et non sa simple reproduction. Il instrumentalise cette interprétation par une remarquable
connaissance des techniques et des caractéristiques physiques de la peinture. Le mimétisme imparfait, le choix arbitraire des couleurs, la prise en compte de la fluidité de la peinture et des
effets qu’on peut en tirer sont utilisés pour donner à la réalisation finale sa propre personnalité. Et en faire un objet digne d’intérêt par lui-même ou en d’autres termes une œuvre.
Born on February 17, 1987 in Anger, Nicolas Cluzel shows at 30 years old a mastery and an authority that a lolt of his older ones could envy to
him. He dares amazing hues conflicts. He dissociates the line from the color. He breaks the forms. His characters and adventures come straight out of the 70s’ comics but evolve in an asserted
universe of painting. He owes as much to Reiser as to Rebeyrolle. From an inextricable initial jumble are gradually emerging forms, details, anecdotes that animate the story, take the opposite of
it, make it rebound. Nicolas Cluzel is a painter of the improbable. The improbable of circumstances, the improbable of encounters, the improbable of confrontations between the techniques used.
With for the viewer the strange feeling that these improbables end up resembling very closely to the reality that give to him the pictures of the dayly events.
Nicolas Cluzel also knows that the subjects in painting are limited and that the object of this latter is to fit into its time by means of these
subjects. The renewal of meaning that he proposes in his works then largely prevails over what could be summarily perceived as an art of quotations. In the very formatted framework of a
duplication, he mixes together the originals' bodies and objects with other much more contemporary or unexpected ones. The world of overconsumption is intertwined with that of waste's
overproduction. Culture and moral conscience come up against the digitized narcissism of totally indifferent spectators/actors. Actually Nicolas Cluzel tells us about the death by consumerist
suicide of a type of society.
He is also a painter and not a simple image maker. His painting is the interpretation of a reality and not its simple reproduction. He
instrumentalizes this interpretation with a remarkable knowledge of the techniques and physical characteristics of painting. Imperfect mimicry, arbitrary choice of colors, taking into account the
fluidity of the paint and the effects that can be drawn from it are used to give the final creation its own personality. And make out of it an object worthy of interest by itself or in other
words an artwork.
