Mahé Boissel - Biographie / Biography



Plus particulièrement que pour d’autres la connaissance du parcours personnel de Mahé Boissel revêt un aspect primordial pour qui veut entrer dans l’oeuvre et comprendre son travail. Catalane, née à Perpignan dans une famille de la haute bourgeoisie locale et de l’aristocratie terrienne elle est séparée très jeune de celle-ci pour des raisons de santé. La vie en sanatorium s’avère beaucoup plus rude que celle à laquelle elle était auparavant accoutumée. Se met alors en place un sentiment d’abandon et de solitude que l’on retrouvera bien plus tard dans son travail. Elle dessine énormément à cette époque et considère même avoir appris à dessiner avant même que d’avoir appris à écrire. Guérie elle reprend un cursus de vie plus en rapport avec sa situation sociale et poursuit facilement de brillantes études. Pourtant ces études ne la satisfont apparemment pas puisqu’elle abandonne l’agrégation de lettres pour préparer le concours d’entrée à l’école Claude Bernard, haut lieu de l’apprentissage du dessin avant la réforme de 1969. Elle y est reçue mais ses parents lui interdisent de se rendre à Paris pour assister aux cours. C’est à cette période qu’elle découvre que sa famille n’est pas seulement très conservatrice mais qu’elle entretient aussi des liens avec des mouvances franquistes et les mouvements royalistes. Etre identifiée à des proches qu’elle considère désormais comme déshonorés et déshonorants s’avère impossible et la conduit à s’éloigner radicalement de ces derniers. Sa perception d’une humanité qui avance masquée, son sentiment d’immense isolement dans le jeu des bienséances sociales s’en trouvent évidemment renforcés. Il lui faudra plus de vingt ans pour «digérer» ces différents épisodes de sa jeunesse. Vingt ans pendant lesquels elle n’arrêtera pas de dessiner et qu’elle mettra à profit pour construire d’un point de vue féminin un des imaginaires les plus personnels du dessin contemporain. Un univers clos, théâtralisé, où les portes et les sorties ne donnent sur rien. Les acteurs de ce théâtre, emmurés en eux-mêmes, vivent la tragédie commune des hommes : la souffrance, la perte des êtres chers, l’incommunicabilité. Un être-oiseau, sorte de Papageno revisité, traverse fréquemment ce théâtre. Qui est-il ? Comme son prédécesseur «mozartien» recherche-t-il l’amour ? Symbolise-t-il l’espoir ? Ou d’un point de vue graphique, tel le Monsieur Loyal de ce cirque humain, assure-t-il très prosaïquement l’articulation interne de l’histoire ? Rien ne nous est dit à son sujet et sa présence ne fait alors que renforcer le mystère allégorique de l’image. De plus en plus dépouillé, épuré, l’oeuvre de Mahé Boissel tente presque obsessionnellement de saisir l’humain, sa chair, le poids et la grâce de sa condition.

Knowing the personal history of Mahé Boissel is particularly important for whom wants to dig into her work and understand it. Catalan, born in Perpignan in a family from the local land-owning aristocracy, she is separated from them at a very young age because of her health. The life in sanatorium turns out to be much tougher than the one she was used to. A feeling of abandonment and solitude then settles which we will find much later in her work. She draws a lot during this period and even considers having learnt how to draw even before how to write. Once cured, she goes back to a life more in accordance with her social background and pursues easily brilliant studies. Nevertheless she seems unsatisfied since she gives up the literature postgrad year in order to prepare the entrance examination for the Claude Bernard school, Mecca of drawing studies before the 1969 reform. She is received but her parents forbid her to go to Paris to attend the classes. It is in this period that she discovers that her family is not only very conservative but that it also maintains links with pro- Franco circles of influence and royalist movements. Be identified with relatives whom she now considers as dishonored and dishonoring becomes unacceptable and leads her to avoid them completely. Her perception of a humanity that moves hidden behind a mask, and her feeling of huge isolation in the game of social conventions are obviously increased then. It will take her more than twenty years «to digest» these different episodes of her youth. Twenty years during which she will never stop drawing and which she will use to build, from a feminine point of view, one of the most personal imaginative world of the contemporary drawing. A closed universe, staged, where doors and exits open on nothing. The actors of this theater, locked into themselves, live the common tragedy of men: the suffering, the loss of the beloved ones, the incommunicability. A half bird-half human, kind of revisited Papageno, frequently crosses this theater. Who is he? Like his «Mozartien» predecessor, is he looking for love? Does he symbolize hope? Or from a graphic point of view, like a Mister Loyal of this human circus, does he ensure very pragmatically the internal articulation of the story? Nothing is told about him and his presence only strengthens the metaphorical mystery of the image. More and more spare, uncluttered, the work of Mahé Boissel tries in a nearly obsessive way to seize the human being, his flesh, the weight and the grace of his condition


Principaux musées et collections publiques

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France

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Chateauneuf le Rouge

La Palisse (03)

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Musée l’Art en Marche

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